Causes et facteurs facilitateurs de la participation des femmes et des filles dans les groupes criminels organisés : l’exemple du Cap Town
Sur la base d’entretiens avec plus de 30 membres féminins de gangs au Cap en Afrique du Sud, une étude a identifié des facteurs qui facilitaient l’appartenance à un gang parmi ces femmes, allant de l’adolescence à l’âge moyen. Il est important de noter que les résultats de cette étude ne sont pas nécessairement représentatifs de l’implication plus large des femmes dans la criminalité organisée. Cependant, cela aide à comprendre et à mettre en lumière les expériences des femmes impliquées dans le milieu des gangs du Cap (Shaw et Skywalker, 2017).
Les entretiens ont révélé plusieurs thèmes qui peuvent, en partie, être compris comme des causes ou des facteurs facilitant l’adhésion aux gangs :
- Sentiment d’appartenance et de famille
Beaucoup des femmes interrogées ont noté qu’elles avaient rejoint le milieu des gangs car cela leur procurait un sentiment d’appartenance qui, selon elles, manquait de leur vie familiale biologique souvent violente et dysfonctionnelle. Faire partie de ces familles de gangs a également apporté aux femmes une sécurité, telle que la protection, et des ressources (par exemple, de l’argent, des vêtements et des bijoux). Plusieurs de ces femmes ont rejoint les gangs à travers des relations amoureuses avec des membres masculins du gang. - Protection: Une raison commune pour rejoindre les gangs mentionnés par les femmes était que les gangs leur offraient une protection. Appartenir aux « familles » de gangs leur assurait la sécurité dans un environnement souvent dangereux dans lequel les femmes étaient particulièrement vulnérables aux violences sexuelles et domestiques. Cependant, de nombreuses femmes ont noté qu’elles faisaient toujours l’objet de telles violences de la part du gang (par exemple, de leurs partenaires qui étaient membres de gangs).
- Ressources: Les gangs offraient également à ces femmes des ressources qu’elles n’auraient pas pu se permettre ou auxquelles elles n’auraient pas eu accès autrement, comme des bijoux, des voitures et des vêtements. L’accès à ces biens était souvent assuré par les petits-amis des femmes et les chefs de gangs.
- « La voie de la moindre résistance »
Certaines femmes ont déclaré qu’il était plus facile de rejoindre un gang que de résister – c’était la voie de la moindre résistance. Rejoindre le gang leur a également procuré des « récompenses immédiates ». - Sous-emploi et chômage dans l’économie licite: Plusieurs femmes ont noté que les gangs offraient des opportunités plus intéressantes et plus gratifiantes par rapport aux emplois qui leur étaient proposés dans l’économie licite. Les quelques opportunités d’emploi ordinaires que les femmes ont trouvées, souvent dans le secteur du commerce de détail, ont été décrites comme « ennuyeuses et mal payées ».
- Toxicomanie: Selon certaines femmes interviewées, elles considéraient l’adhésion à un gang comme l’une des seules options qui leur restaient en raison de leur lutte contre la toxicomanie. Leur dépendance rendait difficile la recherche d’un emploi stable et licite et les rendait particulièrement vulnérables à la violence. Les gangs offraient non seulement une protection (dans une certaine mesure), mais également un accès aux substances.
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