Le trafic illicite de migrants est non seulement un type de criminalité organisée transnationale, mais également un phénomène social. C'est-à-dire qu'il repose sur un réseau d'individus et de ressources, grâce auquel des partenariats sont établis en vue de garantir le succès de tous les participants. Il existe principalement une relation transactionnelle entre les migrants, qui souhaitent arriver rapidement et en toute sécurité dans le pays de destination et y rester, et les passeurs de migrants, qui cherchent à maximiser les profits de chaque opération de trafic illicite de migrants et, en même temps, à préserver leur réputation. La relation entre les migrants et les trafiquants peut être caractérisée, outre son aspect matériel, par des liens personnels (par exemple des liens de famille, d'amitié ou d'appartenance au même groupe ethnique ou à la même communauté).
Il est important de noter que les migrants faisant l’objet du trafic illicite ne constituent pas un groupe homogène. Leurs profils varieront en fonction de multiples facteurs, notamment les régions géographiques d’origine, leurs motivations pour migrer, leur situation financière et d’autres circonstances personnelles (voir « Flux migratoires mixtes »). Les données indiquent que la plupart des migrants faisant l’objet du traficillicite sont des jeunes, et beaucoup d'entre eux sont des mineurs. Cela pourrait s’expliquer par le fait que dans de nombreux pays en développement (pays d’origine), la population est composée à plus de 50% de personnes âgées de 14 ans ou moins. De nombreux migrants faisant l’objet du trafic illicite proviennent également de communautés où la migration est encouragée et vue comme une opportunité de trouver un emploi et d'améliorer le niveau de vie (ONUDC, 2010b). Dans d'autres cas, les migrants faisant l’objet du trafic illicite sont des réfugiés qui n'ont pas d'autre choix que de recourir aux services de passeurs.
Les antécédents sociaux et académiques des migrants auront probablement un impact sur la logistique employée dans les opérations de trafic illicite de migrants. Alors que les migrants issus de milieux prospères sont plus en mesure de voyager dans des conditions plus sûres et plus confortables (par exemple, en avion, avec des documents frauduleux de haute qualité et un risque d'interception moindre), les migrants les plus pauvres ont souvent recours à des formes de trafic illicite moins chères et plus dangereuses, généralement au prix d’énormes risques personnels. Bien sûr, dans des situations de guerre et de violence immédiates, des individus pourraient être contraints de fuir dans des conditions dangereuses, indépendamment de leurs capacités financières.
Une grande partie de la documentation sur le trafic illicite de migrants analyse le phénomène comme une opération financière ou une menace pour la sécurité. Dans ces contextes, les migrants sont conceptualisés comme des objets piégés par des réseaux criminels, avec un rôle peu actif. Cette approche met l'accent sur l'organisation et le mode opératoire du trafic illicite de migrants, sans aucune ou peu d'attention accordée à l'agencéité des migrants (Salt et Stein, 1977, cité dans UNODC, 2010, p. 477). Ces auteurs divisent le processus de contrebande en (i) recrutement de migrants dans les pays d'origine, (ii) transport des migrants des pays d'origine aux pays de destination et (iii) intégration dans les pays de destination. D'autres recherches sociologiques sur le trafic illicite de migrants insistent sur les expériences, les motivations et le rôle des migrants dans le processus de trafic illicite (Van Liempt et Doomernik, 2006, p. 166). L’opération de traficillicite est, du moins en partie dans la plupart des cas, le résultat du choix du migrant clandestin ou, comme cela est souvent le cas, de sa communauté. Dans certains pays d'Afrique de l'Ouest, la migration fait partie de l'identité sociale (ONUDC, 2010, p. 42). C'est un vecteur de prospérité et un moyen d'échapper à la pauvreté et à la marginalisation. En tant que telle, la migration reçoit la bénédiction des leaders familiaux et sociaux. Les attentes de la famille vis-à-vis du pays de destination pourraient également avoir un impact significatif sur le comportement des migrants faisant l’objet du trafic illicite (Bilger, Hofmann et Jandl, 2005). Les capacités financières des migrants influenceront également leur pouvoir de contrôle sur l’opération de traficillicite (Bilger, Hofmann et Jandl, 2005).
Some academics are of the view that migrants' control over the smuggling process is more directly linked to their respective level of integration in their communities, both at home and in overseas diasporas, and whether there are ethnic links between them, other migrants, and smugglers (e.g. see Zhang, Sanchez, Achilli, 2018). Migrants may also be more isolated during the smuggling process, with exchange of information between migrants and smugglers limited to loose contacts or casual telephone conversations, with rumours and hearsay playing a significant role in the decision-making process (UNODC, 2010, p. 41).
Certains universitaires sont d'avis que le contrôle des migrants sur le processus de traficillicite est plus directement lié à leur niveau d'intégration dans leurs communautés, à la fois chez eux et dans les diasporas d'outre-mer, et s'il existe des liens ethniques entre eux, d'autres migrants et des passeurs (par exemple, voir Zhang, Sanchez, Achilli, 2018). Les migrants peuvent également être plus isolés au cours du processus de traficillicite, l'échange d'informations entre migrants et passeurs se limitant à des contacts informels ou à des conversations téléphoniques occasionnelles, les ouï-dire et les rumeurs jouant un rôle important dans le processus de prise de décision (UNODC, 2010, p. 41).
Nonobstant ce qui précède, le trafic illicite de migrants ne concerne pas uniquement les relations établies entre les passeurs et les migrants (avec une influence indirecte exercée par d'autres parties). La famille et les amis sont des acteurs importants dans la mesure où, très souvent, ce sont les investisseurs et les sponsors qui, ensemble, ont réuni les frais de trafic illicite et s'attendent à un retour sur leur investissement. De même, les relations entre les passeurs et les personnes qui reçoivent des pots de vin (par exemple, les travailleurs aux guichets d'enregistrement des aéroports et les personnes aux contrôles de sécurité et d'embarquement dans les pays d'origine, de transit et de destination) sont essentielles dans le processus.
Le rôle joué par des facteurs tels que le genre, l’éthique et les facteurs socioculturels peut également influer sur les comportements dans le contexte du trafic illicite de migrants. Par exemple, les femmes qui ont très peu de droits ou qui font face à de graves menaces de violence et d’abus dans leur pays d’origine peuvent considérer qu’elles ont peu à perdre en migrant de manière irrégulière et en affrontant les dangers inhérents aux activités de trafic. Une situation précaire dans le pays de destination pourrait être considérée comme bien meilleure que les conditions existant dans le pays d'origine. Le rôle des femmes dans le pays d'origine pourrait très bien avoir un impact sur le niveau de vulnérabilité auquel elles seront exposées. Pour plus de détails, voir le module 13 sur le genre et la traite des personnes / le trafic illicite de migrants.
Les « coûts » de la migration illégale ne sont pas les mêmes pour les hommes et les femmes. Les hommes entreprennent davantage des migrations coûteuses et à haut risque, mais les bénéfices de ces efforts sont également jugés élevés. Les femmes s'engagent dans des migrations à faible risque, moins coûteuses, alors que leur faible visibilité et leur plus faible risque d'expulsion réduisent encore ces coûts. Schrover, Marlou and autres, La migration illégale et le genre depuis une perspective historique et globale , Introduction |