Ce module est une ressource pour les enseignants

Termes de base : genre et stéréotypes de genre

Que signifie le genre ? Comment fonctionne-t-il ? Pourquoi est-il important d'inclure le genre dans la discussion lorsqu'on examine la TP et le TIM ? Ce sont là des questions importantes lorsqu'il s'agit d'aborder la question du genre avec les étudiants.

Une première étape, avant de présenter les dimensions de genre de la TP et du TIM, est de sensibiliser aux préjugés ou stéréotypes de genre que chacun d'entre nous (professeur, chercheur, étudiants) peut avoir concernant une grande variété de questions sociales. Les stéréotypes de genre influent également sur la façon dont nous abordons la plupart des crimes, y compris la TP et le TIM. (Voir le module 15 sur le genre et le crime organisé pour une discussion complète)

Un stéréotype est une croyance ou une idée trop simplifiée selon laquelle des groupes de personnes ont certaines caractéristiques ou que toutes les personnes d'un groupe sont les mêmes. Lorsqu'on considère le genre, il s'agit d'attribuer certaines caractéristiques aux hommes ou aux femmes, aux garçons ou aux filles, en fonction de ce que l'on croit être féminin ou masculin.

Encadré 1

Les stéréotypes de genre

… sont des généralisations simplistes sur les différences entre les sexes et les rôles des femmes et des hommes. Les stéréotypes sont souvent utilisés pour justifier plus largement la discrimination fondée sur le genre et peuvent être reflétés et renforcés par les théories, lois et pratiques institutionnelles traditionnelles et modernes.

Source : Glossaire sur l'égalité des sexes, Centre de formation d'ONU Femmes

Il est proposé de commencer ce Module par un exercice interactif au cours duquel les étudiants sont invités à donner des exemples de stéréotypes communs sur les hommes et les femmes, les garçons et les filles, puis à discuter de la façon dont ces stéréotypes peuvent influencer notre approche de la plupart des crimes, y compris la TP et le TIM (voir la liste des exercices pour trouver le débat brise-glace proposé sur les stéréotypes de genre).

Par exemple, il est courant de percevoir les femmes et les filles comme plus vulnérables et plus faibles. Si nous pensons à la TP et au TIM, ce type de perception peut amener à mettre l'accent sur la victimisation et la vulnérabilité des femmes et des filles et, par conséquent, à ne pas tenir compte de leurs capacités, de leur agence et de leur rôle.

Que signifie le genre ?

Le genre ne se réfère pas seulement aux femmes et n'est pas synonyme de la notion de sexe. Le sexe fait référence aux différences biologiques et physiques. En effet, pour comprendre le genre, il est essentiel de dépasser les différences dichotomiques entre hommes et femmes (différences physiques biologiques et reproductives) et de se concentrer sur les relations. Les relations entre les genres sont façonnées par les rôles et les attentes des genres qui sont construits socialement et qui varient selon l'histoire et la culture.

Le genre n'est pas une " question de femmes ", c'est une question de relations sociales qui incluent et affectent tous les individus. Comme l'a dit la célèbre écrivaine et philosophe Simone de Beauvoir, "on ne naît pas, mais on devient femme". En d'autres termes, cela implique un processus de socialisation pour devenir une femme.

Encadré 2

Gendre

Le genre fait référence aux rôles, aux comportements, aux activités et aux attributs qu'une société donnée, à un moment donné, juge appropriés pour les hommes et les femmes. […] les attributs, les opportunités et les relations [associés au fait d'être un homme et une femme] sont socialement construits et s'apprennent par des processus de socialisation. Ils sont contextuels/temporels et modifiables. Le genre détermine ce qui est attendu, permis et valorisé chez une femme ou un homme dans un contexte donné. Dans la plupart des sociétés, il existe des différences et des inégalités entre les femmes et les hommes en ce qui concerne les responsabilités attribuées, les activités entreprises, l'accès aux ressources et leur contrôle, ainsi que les possibilités de prise de décision. Le genre fait partie du contexte socioculturel plus large, tout comme d'autres critères importants pour l'analyse socioculturelle, notamment la classe, la race, le niveau de pauvreté, le groupe ethnique, l'orientation sexuelle, l'âge, etc.

Source : Glossaire sur l'égalité des sexes, Centre de formation d'ONU Femmes

Il est important d'ajouter d'autres éléments de réflexion à cette définition. Les expressions et les identités de genre ne se limitent pas aux hommes ou aux femmes, il y a une fluidité entre ce qui est considéré comme féminin et masculin. Les violations des droits de l'Homme sont dues au fait que les normes dominantes en matière de genre n'acceptent que l'orientation hétérosexuelle et les relations homosexuelles et que les structures sociales ne valorisent pas les expressions de genre qui ne sont ni masculines ni féminines (diverses expressions du transgenre). Par conséquent, considérer le genre signifie aussi remettre en question la compréhension binaire du genre (féminin/masculin) et inclure les questions d'orientation sexuelle et d'identité de genre (SOGI). Bien qu'ils aient longtemps été exclues, les gays, lesbiennes, bisexuels, transsexuels et intersexuels (LGBTI) font maintenant partie du débat sur le genre.

Les rôles, les normes et les attentes de genre ont une incidence sur tous les aspects de la vie des gens, qu'il s'agisse des sphères privée et intime affective et familiale des relations, de l'éducation, des attentes et des possibilités, de l'accès aux ressources, du travail et des interactions sociales en général.

Intersectionnalité : une approche conceptuelle dans les études de genre

Il est important de comprendre non seulement ce qu'est le genre, mais aussi ce que fait le genre (Marchetti, 2018). Pour bien comprendre comment le genre fonctionne dans la société, il est utile d'examiner comment le genre croise d'autres facteurs de discrimination, tels que la race, l'âge, l'origine ethnique, la sexualité, le statut socio-économique et la classe, pour façonner les inégalités. En d'autres termes, la discrimination n'est pas unidimensionnelle (par exemple, le fait d'être une femme) mais générée par plusieurs facteurs de discrimination. Par exemple, l'expérience individuelle de la discrimination ou de l'oppression (ou au contraire du privilège) ne sera pas le seul résultat du fait d'être un homme ou une femme, mais elle sera également influencée par le statut socio-économique ou par la discrimination raciale/ethnique. Des informations complémentaires sur les formes de discrimination fondée sur le genre sont fournies dans le Module 9 de la série de modules universitaires sur l'intégrité et l'éthique.

La notion d'intersectionnalité décrit le rapprochement, les interactions entre ces différents facteurs de discrimination (par exemple l'âge, la race, la classe sociale) et qui influencent les structures du pouvoir et les relations de pouvoir.

Le concept d'intersectionnalité a été introduit par la juriste Kimberlé Crenshaw (1989). Cette notion trouve ses racines dans le féminisme noir, et en proposant la notion d'intersectionnalité, Crewshaw a cherché à souligner l'importance de tenir compte de la question de la race lorsqu'on examine la discrimination des femmes. Les expériences des femmes ne sont pas toutes les mêmes, ce n'est pas un groupe homogène, et les privilèges de classe et de " race " (p. ex. être une femme blanche) ont une incidence sur les expériences d'oppression des femmes.

Les autres catégories sociales pertinentes sont le handicap, la sexualité, l'état civil et le statut migratoire (réfugié, migrant sans papiers, travailleur migrant temporaire). Les différentes façons dont une personne est désavantagée varient selon le contexte et le temps, et des catégories sociales spécifiques auront des effets différents, selon le contexte, comme la race et la religion. Le fait d'être musulman ou chrétien peut générer de la discrimination, mais dans des contextes différents. Le fait d'être originaire de zones rurales et d'origines ethniques spécifiques peut également créer des discriminations et des inégalités au sein même de son propre pays. Les enseignants sont encouragés à donner des exemples de sources de discrimination pertinentes dans leur pays ou région.

L'approche fondée sur l'intersectionnalité est proposée pour ce Module, car elle fournit un cadre analytique utile pour comprendre les dimensions de genre de la TP et du TIM. Il fournit un vaste cadre d'analyse de la discrimination et des inégalités à l'origine de la TP et à l’origine de la migration irrégulière (qui peut inclure le trafic illicite, voir Module 1). Elle permet une contextualisation nécessaire (en fonction du contexte) et la prise en compte des multiples facteurs en jeu : du macro-, méso- au micro-niveau, des relations structurelles, sociales, politiques, économiques, culturelles, familiales, interpersonnelles, des caractéristiques individuelles, etc.

Section suivante : Cadres juridiques internationaux et définitions de la TP et du TIM
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