Le Module 5 aborde la situation de vulnérabilité des migrants faisant l'objet d'un trafic illicite. La situation vulnérable des victimes de la traite est analysée dans les Modules 6 et 7. Il est important de noter que le niveau de vulnérabilité des migrants faisant l'objet d'un trafic illicite et des personnes faisant l'objet de traite est souvent différent. Tout d'abord, comme expliqué plus haut, les victimes de la traite ont par définition fait l'objet de tromperies ou de coercition, ce qui n'est pas nécessairement le cas des migrants faisant l'objet de trafic illicite. En outre, les victimes de la traite sont soumises ou destinées à être soumises à l'exploitation. Ce n'est pas une condition requise de la définition du trafic illicite de migrants.
Néanmoins, plusieurs facteurs augmentent couramment la vulnérabilité des migrants faisant l'objet d'un trafic illicite. Premièrement, ils se méfient souvent des autorités des pays de transit et de destination, en grande partie par crainte d'être pris et déportés, ce qui les rend moins susceptibles de demander de l'aide lorsqu'ils sont victimes d'abus ou placés dans des situations dangereuses par des trafiquants. Deuxièmement, les migrants faisant l'objet d'un trafic illicite peuvent être intimidés et menacés par des trafiquants. Troisièmement, les migrants faisant l'objet d'un trafic illicite peuvent se sentir redevables de leur aide aux trafiquants et donc obligés de ne pas porter plainte pour conduite abusive. Quatrièmement, les structures sociétales et les facteurs culturels (tels que la crainte d'être perçu comme un échec par la famille si l'individu ne réussit pas à l'étranger) peuvent empêcher les migrants faisant l'objet de trafic illicite d'abandonner leur situation de trafic illicite, même lorsque leur vie ou leur sécurité est en danger. Cinquièmement, les migrants faisant l'objet d'un trafic illicite sont souvent isolés hors de leur pays d'origine en raison de difficultés linguistiques, du manque de parents, d'amis ou de connaissances, d'une désorientation géographique et de restrictions à leur liberté de circulation en raison de leur statut irrégulier. Enfin, les migrants faisant l'objet d'un trafic illicite peuvent également être placés en situation de servitude pour dettes par des trafiquants (lorsque les frais de trafic illicite ne peuvent être payés autrement).
Tous ces facteurs rendent les migrants faisant l'objet de trafic illicite enclins à la traite des êtres humains. Dans l'ensemble, ils s'appliquent également en général aux personnes en situation de trafic, ce qui contribue à renforcer considérablement le pouvoir des auteurs, ainsi qu'à retarder la détection des victimes et les enquêtes et poursuites de leurs trafiquants.
La vulnérabilité est à la fois une cause et une conséquence du trafic illicite de migrants et de la traite des personnes. C'est un facteur clé qui permet et perpétue chacun de ces crimes. Cela ne veut pas dire que tous les migrants faisant l'objet d'un trafic illicite seront nécessairement tout aussi vulnérables. Cependant, ils sont susceptibles d'être confrontés à des conditions (y compris le simple fait d'un statut irrégulier dans un pays étranger) qui peuvent accroître leur vulnérabilité (voir OHCHR, ICMPD). Voir aussi le Module 5.
Comme le soulignent les Modules 3 et 4, l'identification rapide et efficace des migrants faisant l'objet d'un trafic illicite et des victimes de la criminalité contribue à briser le cycle de la vulnérabilité, à encourager la coopération avec la justice et, enfin, à éliminer progressivement la capacité des trafiquants et des passeurs d'agir en toute impunité.
Trafiquants chefs de gangs; leurs victimes incriminéesEntre le 8 et le 10 janvier 2010, le gouvernement thaïlandais a arrêté et déporté 557 Cambodgiens sans papiers de Bangkok. Le gouvernement avait reçu des plaintes de personnes mendiant dans la ville. Les migrants ont été accusés d'entrée illégale et les chefs de gangs doivent faire face à des accusations de traite d'êtres humains. Au lieu d'avoir le droit de réclamer une indemnisation pour mendicité forcée ou d'intenter une action en justice pour abus ou traite, les mendiants ont été déportés. Les trois jours qui se sont écoulés entre leur arrestation et leur déportation n'ont pas suffi aux fonctionnaires de l'immigration ou aux représentants des ONG pour recueillir les témoignages de 557 personnes et déterminer si elles avaient fait l'objet de traite. Plutôt que d'être aidées en tant que victimes de la traite, les Cambodgiens ont été incriminés. Par conséquent, aussi bien les trafiquants que les victimes de la traite ont été considérés comme des criminels. GAATW – Alliance Mondiale Contre la Traite des Femmes (2011), Trafic illicite et traite - Droits et Intersections |