Lorsqu’on parle de « prévention de la criminalité », l’un des défis courants est d’identifier exactement ce qu’on entend par cette expression. Définir la prévention de la criminalité est difficile parce que « dans la pratique, le terme « prévention » semble être utilisé de manière confuse pour un large éventail d’activités contradictoires » (Brantingham et Faust, 1976, p. 284). Gilling (1997, p. xi) suggère que « la prévention de la criminalité est une bête difficile à apprivoiser » et Homel observe que :
Lorsque l’on examine ce que l’on pourrait qualifier de « prévention de la criminalité » dans la plupart des pays développés, on découvre un éventail ahurissant d’activités et de programmes. À quel point l’analyse est déconcertante dépend de l’endroit où l’on trace la ligne de démarcation entre ce qui est considéré comme « prévention de la criminalité » et ce qui ne l’est pas (2007, p. 267).
Une définition courante utilisée dans la littérature spécialisée est la suivante :
La prévention de la criminalité est définie comme l'ensemble des initiatives privées et des politiques publiques autres que l'application du droit pénal, visant à réduire les dommages causés par des actes définis comme délictueux par l'État (van Dijk et de Waard, 1991 p. 483).
Au fil du temps, cette définition a été critiquée parce qu'elle exclut l'application du droit pénal. Le rôle important de la police, des tribunaux et des organismes pénitentiaires est désormais couramment intégré dans les définitions de la prévention de la criminalité, telles que celle employée par les Nations Unies :
des stratégies et mesures qui visent à réduire les risques d’infractions et les effets préjudiciables que ces dernières peuvent avoir sur les personnes et sur la société, y compris la peur de la criminalité, et ce en s’attaquant à leurs multiples causes
L’ONU a adopté cette définition dans les Mesures visant à promouvoir la prévention efficace du crime (résolution 2002/13 du Conseil économique et social). Elle est également reproduite à la page 9 du Manuel sur les principes directeurs applicables à la prévention du crime (ONUDC, 2010).
Chainey et Ratcliffe (2005) établissent une distinction entre les termes « sécurité de la collectivité », « contrôle de la criminalité », « réduction de la criminalité » et « prévention de la criminalité ». Des définitions adaptées de leurs travaux sont incluses dans la section « mots clés » ci-dessous. D’autres termes tels que « sécurité », « maintien de l’ordre », « sécurité des citoyens » et « sécurité urbaine » sont également utilisés dans les discussions relatives à la prévention de la criminalité et peuvent refléter des préférences régionales. Cela complique davantage la question de savoir quelles activités, technologies, programmes et techniques peuvent légitimement être intégrés sous la bannière de la prévention de la criminalité.
Sécurité de la collectivité - « La sécurité de la collectivité est assurée grâce à une prise en compte intégrée de divers préjudices causés au public et ‘fait référence à l’absence probable de préjudices, quelle qu’en soit la cause, et pas seulement des préjudices résultant d’actes humains qualifiés d’infractions’ (Wiles et Pease, 2000). La sécurité de la collectivité fournit également une perspective stratégique sur les préjudices subis par la communauté, en concentrant l’attention sur le développement de programmes qui fixent des objectifs pour gérer les risques et visent à maximiser la sécurité publique » (Chainey et Ratcliffe, 2005, p. 17-18).
Prévention de la criminalité - La prévention de la criminalité comprend toute activité d’un individu ou d’un groupe, publique ou privée, visant à éliminer les infractions avant qu'elles ne se produisent ou avant que toute activité supplémentaire n’en résulte. En s’inspirant du modèle de santé publique, certains théoriciens ont établi une distinction entre prévention primaire (universelle), prévention secondaire (personnes à risque de délinquance) et prévention tertiaire (délinquantes et délinquants avérés).
Réduction de la criminalité - « La réduction de la criminalité vise à réduire le nombre d’infractions et leurs conséquences. La réduction de la criminalité s’applique dans la limite des ressources disponibles (par exemple, une contribution financière) et doit générer des avantages nets après avoir pris en compte l’impact du déplacement et de la dispersion des avantages, la peur de la criminalité et l’impact d’autres programmes pouvant avoir contribué à une activité spécifique de réduction de la criminalité. La réduction de la criminalité favorise une attitude optimiste selon laquelle les mesures prises pour régler un problème réduiront la criminalité ou la gravité des actes en question… elle vise à intervenir directement sur les infractions et leurs causes » (Chainey et Ratcliffe, 2005, p. 19).
Contrôle de la criminalité - « Le contrôle de la criminalité considère que la criminalité est un fait établi et que certaines de ces activités délictueuses doivent être gérées afin d’éviter qu’elles ne deviennent incontrôlables. Le contrôle de la criminalité aspire à la maîtrise d’un problème, avec la criminalité maintenue à un niveau tolérable, et non à une situation dans laquelle la criminalité peut être empêchée grâce à la prévention » (Chainey et Ratcliffe, 2005, p. 18-19)