À ce jour, la plupart des évaluations des risques liés à la criminalité organisée se sont concentrées sur les groupes. Ces évaluations ont été effectuées par des organismes de détection et de répression afin de déterminer quels groupes sont les plus à risque ou représentent la plus grande menace. Les méthodes utilisées pour déterminer le risque impliquent l’identification des groupes criminels organisés connus dans une région donnée, puis leur classification selon leurs attributs et leur gravité potentielle (Criminal Intelligence Service Canada, 2007 ; Zoutendijk, 2010). Les exemples d’attributs utilisés dans ces évaluations comprennent la violence, la corruption, l’infiltration, la sophistication, la discipline, l’isolation, la stabilité et la cohésion du groupe, tels qu’évalués par les experts en matière d’application de la loi.
Par exemple, les enquêtes sur la criminalité organisée menées par le Federal Bureau of Investigation des États-Unis se concentrent sur la criminalité organisée africaine, asiatique, des Balkans, eurasienne, du Moyen-Orient, et américano-italienne, illustrant ainsi un intérêt premier envers les groupes criminels comme centre de l’attention portée à la criminalité organisée. ( US FBI, 2017) Une évaluation des menaces effectuée par Europol a conclu qu’il y avait plus de 5 000 groupes criminels organisés opérant au niveau international et faisant actuellement l’objet d’une enquête dans l’UE. En outre, il a été constaté que des criminels de plus de 180 nationalités ont été impliqués dans la plupart des groupes composés de membres de plus d’une nationalité et opérant dans plusieurs pays (Europol, 2017). Ce grand nombre de groupes composés de membres issus de nombreux pays différents démontre la nécessité d’évaluer leur risque comparatif afin que les ressources puissent cibler les menaces les plus graves.
L’évaluation des risques réels est difficile à réaliser en pratique. En effet, l’évaluation est basée sur des mesures imprécises de la nature et de l’ampleur de l’activité criminelle, des dommages causés ainsi que sur des évaluations subjectives d’enquêteurs expérimentés, d’experts et de la communauté concernée par l’activité criminelle en question, qui peuvent différer grandement (Ratcliffe, Strang et Taylor, 2014). Il peut également être erroné de baser l’évaluation sur les données criminelles collectées aux différentes étapes du processus de justice pénale (police, poursuites judiciaires, condamnation, emprisonnement). Par exemple, il est problématique de s’attendre à ce que des poursuites judiciaires fructueuses contre des individus impliqués dans des groupes criminels organisés perturbent le fonctionnement du groupe ou le marché des biens et services illicites.
Des poursuites judiciaires fructueuses contre des membres, en particulier des dirigeants, de groupes criminels organisés affectent ces groupes pendant de courtes périodes, à moins que l’offre et la demande des clients pour les produits ou services illégaux qu’ils ont à fournir ne soient également réduites. Autrement, les groupes restants (ou nouveaux) remplaceraient les anciens et prendraient le contrôle de ces marchés illicites, comme l’a conclu l’évaluation mondiale des menaces réalisée par l’ONUDC : « Si les groupes criminels organisés peuvent devenir des problèmes en eux-mêmes, il est peu probable que l’élimination de ces groupes mette un terme aux flux de contrebande. » (ONUDC (b), 2010). Par conséquent, une attention doit également être accordée à la prévention à long terme de la criminalité organisée, comme indiqué dans le Module 13.