« Le genre est important en matière de justice pénale et de sécurité. Les infractions ont des impacts profondément différents sur les femmes et les hommes. Ils sont confrontés à des risques différents et sont donc persécutés de manière différente. Par exemple, les jeunes hommes sont plus nombreux à être recrutés dans les groupes criminels organisés ; les femmes sont plus nombreuses à risquer de subir des violences à leur domicile par une personne qu’elles connaissent. Dans les efforts pour lutter contre la criminalité ou réduire les risques, les femmes et les hommes agissent différemment. Il est de plus en plus évident que la compréhension des relations hommes-femmes, des identités de genres et des inégalités entre les sexes peut contribuer à améliorer l’assistance technique concernant l’état de droit. Le système de justice pénale offre des expériences différentes aux femmes et aux hommes. Des hypothèses sont souvent formulées sur la base de perceptions stéréotypées des rôles des femmes et des hommes. Les hommes sont souvent perçus comme les auteurs de violences et les femmes comme des victimes passives. Les femmes et les hommes mettent souvent en avant des préoccupations différentes et apportent des perspectives, des expériences et des solutions différentes aux problèmes. Comprendre ces différences et ces inégalités peut aider à identifier les besoins, à cibler l’assistance et à s’assurer que tous les besoins sont satisfaits » (ONUDC, 2013) [traduction non officielle].
Pourquoi le genre est-il important dans l’étude de la criminalité organisée ? Aborder la question du genre s’inscrit en définitive dans un projet plus vaste d’égalité et de justice qui nous concerne tous. L’intégration de la dimension de genre dans les débats sur la criminalité organisée est essentielle pour identifier les besoins, les schémas et les tendances, pour élaborer des solutions et pour cibler l’assistance de manière constructive et en tenant compte des expériences des femmes et des hommes. Si nous ne comprenons pas les aspects liés au genre dans la criminalité organisée, nous risquons de ne pas comprendre pleinement ce qui la motive et comment élaborer la réponse complète nécessaire pour la combattre. Mais comment le faire ? Et avons-nous besoin de le faire ?
La réponse est simple : le genre appartient à la salle de classe car l’expérience humaine est façonnée par le genre. Le genre fait partie de ce que les gens voient en nous, la manière dont nous voyons les autres et dont nous agissons. Par conséquent, le genre fait également partie des expériences des hommes et des femmes qui participent à la criminalité organisée. Apprendre et connaitre la manière dont le genre influence leurs interactions avec la loi est fondamental dans toute analyse de justice pénale.
Certains prétendent qu’il n’est pas nécessaire d’aborder la question du genre car nous devrions essayer d’adopter une approche non-sexiste dans nos évaluations, ou, en d’autres termes, nous devrions éviter de « voir » le genre (voir aussi la définition dans le glossaire). Néanmoins, le genre n’est pas une chose à laquelle nous sommes aveugles. Affirmer que nous ne voyons pas le genre (ou que nous ne nous préoccupons pas de la race ou de la classe sociale, d’ailleurs) revient à sous-estimer nos propres préjugés, souvent inconscients, et les expériences vécues par d’autres personnes – surtout les inégalités qui les affectent (pour une discussion sur les discriminations de genre et les préjugés implicites, voir le Module 9 sur les dimensions de genre de l’éthique de la série de modules universitaires sur l’intégrité et l’éthique). Par conséquent, les dimensions de genre devraient être considérées comme essentielles à la recherche et à l’analyse criminologique, et pas simplement comme une partie distincte ou autonome de la recherche ou des connaissances sur la criminalité organisée. Chacun d’entre nous a également ses propres expériences en matière de genre. La façon dont nous nous identifions aux personnes et aux pratiques que nous étudions est également le résultat des manières dont nous percevons nous-même le genre. Les spécialistes en sciences sociales reconnaissent désormais que « notre expérience et notre position influent sur ce que [nous choisissons] d’étudier, sur l’angle d’investigation, sur les méthodes jugées les plus adéquates à cette fin, sur les résultats considérés comme les plus appropriés ainsi que sur la formulation et la communication des conclusions » (Malterud, 2001 : 483-484).
Nous apportons également le genre dans la salle de classe car il fait partie de chacun de nos choix pédagogiques. Nous sélectionnons des documents qui contiennent des messages spécifiques à propos du genre et nous les partageons avec d’autres personnes, qui peuvent ou non partager nos expériences, croyances et perceptions. Par conséquent, pour introduire l’analyse de genre dans les débats sur la criminalité organisée, il est important d’analyser nos propres opinions sur le genre et de soutenir les autres lorsqu’ils font de même. Ce n’est pas simple. La plupart d’entre nous a passé la majeure de notre vie à comprendre que le genre est une chose avec laquelle nous naissons, et non quelque chose que nous apprenons. En outre, les débats sur le genre ont souvent été construit de façon simpliste comme une question concernant les femmes, alors que les hommes sont également genrés et constituent donc une partie essentielle de la conversation.
Les sections suivantes fournissent un aperçu descriptif des points essentiels que l’enseignant ou l’enseignante pourrait vouloir aborder avec les étudiants lorsqu’elle ou il enseigne sur ce sujet :