Ce module est une ressource pour les enseignants

 

Exercices et études de cas

Cette section contient du matériel destiné à soutenir les enseignantes et enseignants et à fournir des idées de discussions interactives ainsi que des analyses de cas sur le sujet qui fait l’objet du cours.

Sondage avant le cours

Veuillez répondre aux questions suivantes :

  • Selon votre point de vue et vos expériences, qu’est-ce que le genre ?
  • En quoi diffère-t-il du sexe ?
  • Donnez au moins un exemple de la façon dont le genre et la criminalité sont représentés dans les discours médiatiques, politiques, sociaux et/ou des services de détection et de répression de votre pays. Quels genres sont représentés et comment ?
  • Pensez-vous que les styles de leadership des femmes sont différents de ceux des hommes ? Si oui, pourquoi ?
  • Quels sont les rôles des femmes dans la criminalité et dans la criminalité organisée en particulier ? Quels éléments façonnent ces rôles ? 
 

Activité pendant le court pour briser la glace

L'exercice de la marche du pouvoir (Power Walk)

Afin d’aider les étudiants à comprendre l’idée de privilège (de genre) et de leur faire prendre conscience de leurs propres privilèges, les enseignantes et enseignants peuvent leur demander de faire la « marche des privilèges » présentée dans ce court clip vidéo de quatre minutes (en anglais). Pour éviter de gêner et d’embarrasser les étudiants, il est recommandé d’utiliser la méthode du jeu de rôle et d’attribuer de fausses identités aux étudiants (par exemple, avocat masculin, un officier de police féminin). Des exemples d’affirmations pour l’exercice sont largement disponibles sur internet (voir par exemple, ici (en français), ici (en français), ici (en anglais), ici (en anglais), et (en anglais)). Le Centre de formation de ONU Femmes, dans son Recueil de bonnes pratiques de formation à l’égalité des genres (p.64, en anglais), appelle cet exercice la « Patriarchie et marche du pouvoir » (Patriarchy and the Power Walk) et fournit les directions suivantes :

  • Chaque stagiaire se « met dans la peau » d’une autre personne, par exemple une mère célibataire, un homme aveugle, etc.
  • Les affirmations sont lues à voix haute. Si elles s’appliquent à eux, ils font un pas en avant. Sinon, ils ne bougent pas.
  • Au final, les participants constatent visuellement la quantité de pouvoir, le niveau d’accès aux ressources et les opportunités dont disposent certains individus dans la société par rapport à d’autres.
  • Sur la base de ceci, ils discutent de la façon dont le pouvoir et les privilèges sont liés au genre, à la situation socio-économique, à l’origine ethnique d’une personne et à d’autres questions transversales. Cela est suivi d’une discussion sur le « paradoxe patriarcal », c’est-à-dire la manière dont les hommes sont aussi désavantagés par le système patriarcal.

Les affirmations suggérées par ONU Femmes pour cet exercice comprennent :

  • J’ai accès à des journaux et peut les lire régulièrement
  • Je mange au moins deux repas nutritifs par jour
  • J’obtiendrais une représentation juridique si je fais l’objet d’une arrestation
  • Je serais confiant/confiante si je devais parler directement à un magistrat/officier de justice
  • Je ne suis pas en danger d’être harcelé/harcelée ou agressé/agressée sexuellement
  • J’ai un revenu régulier ou un moyen de subvenir à mes besoins
  • Je peux parler aux réunions de ma famille élargie
  • Je ne serais pas traité/traitée violemment ou brutalement si je suis arrêté/arrêtée
  • Je peux me payer et accéder à des soins de santé appropriés
  • Je peux remettre en question les dépenses des fonds communautaires
  • Je peux citer certaines des lois du pays
  • Quelqu’un serait immédiatement prévenu si j’étais arrêté/arrêtée
  • Il me reste de l’argent à la fin de la semaine que je peux dépenser pour moi-même
  • Je peux voyager où je veux sans aide ni permission
  • Je ne me sens pas menacé/menacée à mon lieu de travail par n’importe quelle facette de mon identité
  • Je ne me sens pas socialement mal à l’aise dans la majorité des situations pour exprimer mes opinions
  • Je peux faire ce que je veux chez moi sans crainte

Les identités suggérées par ONU Femmes comprennent : avocat de sexe masculin dans un cabinet privé, garçon des rues âgé de 10 ans, grand-mère s’occupant d’orphelins, mère célibataire au chômage, commerçant de sexe masculin, femme officière de police, homme âgé aveugle, enseignant de sexe masculin, femme membre du parlement, migrant appartenant à une minorité ethnique, ouvrier d’usine lettré de sexe masculin, etc. Ces identités et affirmations proposées ont été utilisées par ONU Femmes dans son cours sur la parité homme-femme à Bangkok en octobre 2017.

Directives pour les enseignantes et les enseignants

S’il est difficile de réaliser cette activité en raison de contraintes de temps et d’espaces, les enseignantes et les enseignants peuvent montrer aux étudiants le clip vidéo. La version singapourienne de ce clip est disponible ici. Noter que cet exercice conduira à une discussion qui va au-delà du genre.

 

Exercices pendant le cours

Drunktown's Finest

Drunktown's Finest, un film de la réalisatrice autochtone Sidney Freeland – une femme Navajo transgenre – explore la vie de trois jeunes gens essayant de quitter Gallup, une ville de la réserve Navajo (un territoire établi par le gouvernement américain pour les peuples autochtones). Freeland a déclaré que le titre du film lui est venu d’un reportage dans les médias américains qui qualifiait Gallup, sa ville natale, de « drunk town » (ou « ville ivre »), et de son désir qui s’ensuivit de raconter une histoire du point de vue des peuples autochtones.

Le film suit les vies de Sick Boy, Felixia et Nozhoni, alors qu’ils tentent de donner un sens à leur vie à Gallup et ailleurs. Si de nombreux jeunes gens autochtones choisissent de déménager de la réserve pour s’installer dans des villes plus grandes, leur capacité à poursuivre des options viables peut rester limitée en raison de facteurs tels que la discrimination, le manque de formations professionnelles ou éducatives ou le fait qu’ils soient perçus comme non instruits, violents, alcooliques, etc. Les perceptions racistes des personnes autochtones, combinées à des notions liées au genre, limitent encore plus les possibilités des jeunes, ce qui conduit certains d’entre eux à se livrer à des activités à risque ou illicites qui peuvent également être incriminées, telles que le trafic de drogue ou la prostitution. Des recherches empiriques concernant le genre et la race ont montré qu’aux États-Unis les hommes et les femmes non-blancs sont plus susceptibles d’être perçus et étiquetés comme des criminels. Cette stigmatisation est renforcée non seulement par leurs choix professionnels mais également par leur origine ethnique et leur genre. Une approche qui reconnait la manière dont les perceptions liées au genre se cumulent avec la race et la classe sociale et créent des barrières qui limitent l’acceptation et l’intégration de groupes spécifiques d’individus (un concept appelé l’intersectionnalité) est essentielle lorsque l’on parle de criminalité et en particulier lorsque l’on traite de l’administration de la justice. Aux États-Unis, par exemple, un nombre disproportionné de minorités ethniques sont incarcérées – cela signifie que le nombre de personnes d’origine non-blanche dans les centres de détention est supérieur à celui des personnes blanches qui constituent la majorité de la société. L’intersectionnalité nous aide à voir comment les différents systèmes (race, classe sociale, genre) s’imbriquent les uns dans les autres, créant ainsi des inégalités.

Questions de discussion

  • Dans Drunktown’s Finest, Felixia est une femme Navajo transgenre qui dépend de la prostitution pour subvenir à ses besoins. Comment les conceptions du genre et du sexe influencent-elles la capacité de Felixia à participer à des activités sociales et à être reconnue en tant que femme ?
  • Regardez ce court clip vidéo et méditez sur ces questions : comment Felixia « performe-t-elle le genre » ? Et comment cette performance est-elle évaluée et par qui ?
  • Sur la base d’une optique fondée sur l’intersectionnalité, d’où viennent les défis auxquels Felixia est confrontée ?
Adapté de : IMDB (2014). Drunktown's Finest; Variety (2014). Sundance Film Review: 'Drunktown's Finests'. 29 janvier 2014; Vogue (2015). Why You Should See Drunktown's Finest This Weekend . 19 février 2015.
 

Qui est représenté dans la recherche sur la criminalité organisée et comment ?

Sélectionnez une série de supports (livres, articles, films, etc.) sur le thème de la criminalité organisée que vous utilisez habituellement ou que vous utiliseriez en cours. Répartissez les étudiants en groupe et demandez-leur de discuter des questions suivantes (il s’agit également d’un exercice utile pour évaluer vos propres supports et pour inciter les étudiants à s’entraider afin d’identifier les documents qui rejettent/soutiennent des points de vue biaisés ou mal informés qui permet au final de garantir que les inégalités de genre ne se perpétuent pas).

Questions de discussion

  • Quel est le sujet du livre/de l’article/du film/etc. ? Sur quoi s’axe-t-il ? Est-ce qu’il représente/traite d‘un genre spécifique ? Les étudiants peuvent-ils s’identifier au contenu à partir de leurs expériences, intérêts et identités ?
  • Qui est/sont l’auteur/les auteurs ? Comment elle/elles/il/ils s’identifient au sujet, et pourquoi ? (Dans cette section, il serait également important d’inclure des chercheurs et auteurs de votre propre pays et qui écrivent dans votre langue et/ou celle de vos étudiants).
  • Quels types d’expériences sont représentées et comment ? Est-il possible pour les étudiants de s’identifier à elles ? Comment les genres sont-ils représentés dans ces expériences ? Y-a-t-il un ou des stéréotypes concernant les expériences des personnes représentées ?
  • Disposez-vous de documents réalisés par chercheurs étrangers et locaux ? Comment les activités délictueuses sont-elles représentées et par qui ?
  • Un genre spécifique joue-t-il un rôle réduit ou est-il totalement absent ? Cette absence est-elle expliquée ? Le langage suggère-t-il des limitations ou des attentes liées au genre ? (Par exemple, l’espagnol utilise souvent des noms masculins et genrés pour à la fois les hommes et les femmes). Certaines langues ont un article et/ou un pronom neutre, par exemple. Ces derniers sont-ils utilisés pour réduire l’emploi de termes qui rendent certains groupes de personnes invisibles ?
  • Si vous identifiez des supports problématiques, comment pouvez-vous les corriger ? Quelles sont les solutions proposées par les personnes de votre groupe ?
Activité adaptée de : Rutgers Center for American Women and Politics. Gender Lens. New Jersey : Rutgers University ; Vicerectorado de Empleo y Acción Social de la Universidad Politécnica de Valencia (2013). Buenas Prácticas para una Comunicación no Sexista. Valencia : Universidad Politécnica de Valencia ; Consejo Nacional de la Cultura y las Artes del Gobierno de Chile (2016). Guía del Lenguaje Inclusivo de Género. Santiago : Consejo Nacional de la Cultural y las Artes
 

Pourquoi davantage de femmes et de filles Māori sont-elles incarcérées en Nouvelle-Zélande ?

Le Dr. Tracey McIntosh est maîtresse de conférences en sociologie à l’université d’Auckland. En tant que femme maorie, elle a conduit des recherches sur l’expérience de jeunes filles et des femmes maories en prison. Elle a mené des recherches approfondies sur l’incarcérations des détenus, hommes et femmes (en particulier des peuples autochtones), et sur l’influence des colonialismes sur l’aide sociale et le système de justice pénale sur les hommes et les femmes maories, en particulier ceux qui ont été incarcérés.

« Les Britanniques ont annexé Aotearoa/la Nouvelle-Zélande en 1840. Par ce processus, les Māoris, en tant que peuple autochtone de ce pays, ont perdu leur souveraineté par l’imposition et l’application de nouvelles politiques, y compris la loi et des codes juridiques et sociaux inconnus apportés par les Britanniques » affirme McIntosh. « Tout au long de l’histoire, des politiques étatiques abusives ont informé et construit le parcours de vie des membres de gang Māoris, une population submergée culturellement et socialement. »

Dans Indigenous Insider Knowledge and Prison Identity, McIntosh explique que si l’incarcération était simplement un problème maori « on s’attendrait à voir des détenus maoris issus de toutes les catégories socio-économiques et reflétant la population maorie au sens large. Pourtant, la population carcérale maorie provient en grande majorité de communautés qui vivent dans des conditions de pénurie et de privation (…). Il convient de s’attacher à déterminer si la proportion de Māoris qui sont jeunes, de sexe masculin, célibataires, au chômage, sans éducation, vivant dans des logements insalubres, est reflétée dans les statistiques d’arrestation. Le taux des infractions enregistrées, et donc d’incarcération, dépendent, on le sait, d’un ensemble de facteurs de développement social, mais ceux-ci sont souvent ignorés. » En outre, l’expérience carcérale des Māoris est sexospécifique et bien que les statistiques sur les femmes soient limitées, « pour comprendre pleinement les aspects intergénérationnels de la vie carcérale en Nouvelle-Zélande il est donc essentiel de comprendre de la même façon les expériences des femmes maories ».

Questions de discussion

  • Pourquoi les femmes maories sont-elles plus nombreuses à être incarcérées en Nouvelle-Zélande ?
  • Que faut-il faire pour répondre aux besoins sociaux des jeunes néo-zélandais afin de réduire la population carcérale ?
Voir : McIntosh, Tracey et Stan Coster (2017) "Indigenous Insider Knowledge and Prison Identity." Counterfutures, 3 (68-98). Aotearoa ; Radia New Zealand (RNZ) (2015). Why more NZ women, particularly Maori are being jailed. RNZ, avril 2015.
 

Etudes de cas

Performer la masculinité : les gangs de rue autochtones

La colonisation est connue pour limiter la participation des peuples autochtones aux nombreuses sociétés occidentales, forçant certains hommes autochtones à chercher des moyens d’acquérir du pouvoir, du respect et du capital économique pour survivre. Robert Henry est un homme autochtone métis de Prince Albert au Canada et est un maître de conférences à l’université de Calgary. Il soutient que les histoires et idéologies sociopolitiques façonnées par la colonisation ont conduit à la création et à la prolifération de gangs de rue autochtones urbains.

Les travaux d’Henry examinent les histoires d’anciens membres masculins de gangs de rue autochtones au Canada. Il a étudié les relations de ces hommes avec leurs parents, leurs frères et sœurs, leur famille, leurs pairs et les institutions sociales afin d’avoir une meilleure compréhension de leurs liens avec les gangs de rue. Henry a identifié la manière dont le gang de rue incarne parfaitement la notion d’ « homme » idéal – dur, indépendant, impassible et puissant. Pourtant, une analyse des récits de ces hommes et des photographies qu’ils prennent d’eux-mêmes ainsi que de leurs contextes révèle que les notions de masculinité des membres de gang de sexe masculin sont profondément impactées par la violence et les traumatismes. C’était à travers des expériences violentes et traumatisantes que les hommes ont créé une sorte de « masque » qui les a aidés à adopter des comportements extrêmement violents, mais tout en se protégeant d’une victimisation supplémentaire.

Pourquoi devrions-nous nous concentrer sur les hommes lorsque nous parlons de genre ? Peu de ressources politiques ou académiques sont consacrées aux problèmes des hommes autochtones – même s’ils sont également (bien que différemment) affectés par l’imposition de rôles et d’identités de délinquants. Davantage de chercheurs autochtones développent des travaux qui abordent les effets négatifs continus du colonialisme sur les femmes, les enfants et les hommes dans les communautés autochtones et explorent comment la performance de masculinités positives et saines peut rétablir l’équilibre.

Questions de discussion

  • Quelles sont les implications de la performance du genre pour les jeunes autochtones ?
  • Pourquoi les voix des peuples autochtones sont-elles importantes dans la discussion sur la criminalité ?
  • Quels sont les défis auxquels sont confrontés les jeunes autochtones ?
Adapté de : Innes, Alexander and Kim Anderson, (eds.) "Indigenous men and masculinities: legacies, identities, regeneration". University of Toronto Quarterly, 83(3) 2017. 242-244.
 

Les adolescents mafieux à Naples

Roberto Saviano est un journaliste italien, auteur et expert en criminalité organisée, qui a vécu sous protection pendant des années en raison des menaces qu’il recevait de la part de la mafia. Surtout connu pour son livre Gomorrah qui a connu un succès international (ainsi que pour le film et la série télévisée qui en sont tirés), il a récemment (2016) publié un livre décrivant une nouvelle espèce de gang, les Piranhas, des groupes de garçons adolescents qui partagent leur temps entre les réseaux sociaux et les patrouilles dans les rues armés de pistolets et d’AK-47, terrorisant les habitants pour leur faire savoir qu’ils sont sérieux. Phénomène de la vie réelle, les Piranhas ne sont pas un « petit gang » mais une réelle entreprise de jeunes délinquants qui ne sont pas issus de la Camorra, le groupe criminel organisé dominant de Naples. Nombre d’entre eux sont des adolescents impitoyables qui recherchent le statut et la reconnaissance dans une vie de criminalité.

Les Piranhas (traduction libre de l’italien « La Paranza del Bambini », littéralement « le chalutier des enfants », sous-entendant les petits poissons qui sont attirés par une lumière vive par les filets nocturnes destinés aux plus gros poissons) raconte l’histoire d’un gang dirigé par Nicolas Fiorillo, un lycéen intelligent mais insensible. Fils de parents de la classe moyenne, Nicolas est obsédé par les manifestations de richesses et de luxe et concentre toute son attention d’adolescent à rejoindre les rangs des privilégiés qui peuvent boire du champagne sur des canapés luxueux et danser toute la nuit sur les terrasses de bord de mer de restaurants coûteux. Imprégné de la mythologie de la Camorra, ce que Nicolas désire le plus est le pouvoir sur les autres. Dans l’unique scène du livre où Nicolas est à l’école, le garçon impressionne son enseignant avec une interprétationde la célèbre affirmation de Machiavel selon laquelle un prince doit chercher à inspirer la peur plutôt que l’amour. Très vite, il transforme ses amis en un gang de dealers et de voyous. Il planifie une ascension au statut de parrain et exécute ses plans par le biais de l’intimidation, de vols, de fusillades aléatoires sur des scooters roulant à toute vitesse et des exécutions de sang-froid. Le roman a été adapté au grand écran dans le film homonyme qui a remporté l’Ours d’argent du meilleur scénario au 69ème Belinale (Festival du film de Berlin).

Questions de discussion

  • Le genre joue-t-il un rôle dans la décision de ces adolescents de devenir des délinquants ?
  • Comment la « masculinité toxique » contribue-t-elle à définir un tel comportement violent ? Quels autres facteurs devraient être pris en compte pour expliquer leur choix ?
Adapté de : Parks, Tim (2018). The Piranhas by Roberto Saviano review - teenage mafiosi in Naples. The Guardian, 28 septembre 2018; et Fisher, Ian (2018). In 'The Piranhas,' the Chronicler of Italy's Mobsters Tries His Hand at Fiction. For a Change? The New York Times, 30 août 2018.
 

Qui sont les trafiquants de drogue du Kazakhstan ?

Le paragraphe ci-dessous écrit par Martha Olcott et Natalia Udalova décrit le tableau du trafic de drogue au Kazakhstan :

« Le profil du trafiquant de drogue type a également changé, ce qui ne fait qu’exacerber le travail des groupes de détection et de répression. La majorité de ceux désormais impliqués dans l’opération n’ont pas de condamnations antérieures. Les femmes jouent un rôle plus important dans l’activité. Depuis 1996, leur part est passée de 3% à 12.2% au Kazakhstan ; les femmes représentaient 35% des personnes condamnées pour des infractions liées à la drogue en 1998 au Tadjikistan et 12.4% au Kirghizistan. Les femmes acceptent généralement un salaire moindre pour leurs services de coursiers. En cas d’arrestation, elles sont moins susceptibles de dénoncer leurs fournisseurs en raison d’un désir plus fort de protéger leurs familles et elles ont plus de chances d’obtenir des peines plus courtes en raison de la clémence générale des tribunaux envers les femmes, en particulier envers celles qui ont des enfants. »

Questions de discussion

  • De quelles infractions les femmes sont-elles le plus souvent condamnées dans votre pays ?
  • Quels sont leurs chiffres, et comment sont-ils comparés à ceux des hommes ?
  • Comment utiliseriez-vous un cadre intersectionnel pour expliquer leurs contextes ?
Voir : Olcott, Martha et Natalia Udalova. Drug trafficking on the Great Silk Road: the security environment in Central Asia. Working paper. Carnegie Endowment, 2000:
 

La traite des blanches – les origines du mouvement contre la traite des personnes

« Le fondement de la législation moderne contre la traite des personnes en Angleterre a été créé entre 1885 et 1912 par une série d’interventions juridiques. Le discours dominant sur la traite des blanches au début du 19ème siècle était largement construit autour de la juxtaposition de dangereux hommes étrangers [contre] d’innocentes femmes blanches. Les récits jouaient avec des détails de l’innocence et de la ruine de la victime, associés à la diabolisation des hommes étrangers. Les craintes liées à la race, la nationalité et l’immigration ont sous-tendu une grande partie du débat sur la traite. En effet, le terme racialement neutre de « traite » n’a remplacé l’expression « traite des blanches » dans le droit international qu’en 1921 dans la Convention internationale de la Société des Nations pour la suppression de la traite des femmes et des enfants.

En Angleterre, les campagnes contre la traite des blanches ont culminé lorsqu’en 1885 des dizaines de milliers de personnes ont exigé que la traite des blanches soit interdite et que l’âge du consentement pour les filles soit relevé. La première mesure adoptée a été la loi d’amendement du droit pénal (Criminal Law Amendment Act (CLAA)) qui était importante car elle a créé une définition spécifique de la fille victime de traite – la prostituée involontaire. Elle a érigé en infraction le fait d’inciter « toute fille ou femme âgée de moins de vingt et un ans, qui n’est pas une prostituée ordinaire ou qui n’est pas connue pour son immoralité, à avoir une relation charnelle illicite ». En incluant les mots « qui n’est pas une prostituée ordinaire ou qui n’est pas connue pour son immoralité », la section excluait de la loi non seulement celles travaillant dans la prostitution mais également toutes les femmes considérées comme ayant des mœurs légères ou non respectables. Par conséquent, si une femme vivait déjà dans une maison close, elle ne pouvait pas être classée comme victime de traite, renforçant ainsi la division entre les « prostituées » et les victimes. À plusieurs égards, la CLAA a donc créé une distinction entre les jeunes femmes blanches vertueuses qui incarnaient la pureté sociale et les « prostituées ordinaires et immorales. »

Les associations de lutte contre la traite des blanches ont mené des campagnes qui ont abouti à l’Arrangement en vue d’assurer une protection efficace contre le trafic criminel connu sous le nom de « traite des blanches » de 1904 et la Convention internationale relative à la répression de la traite des blanches de 1910. Ces accords comprenaient des mesures visant à lutter contre la prostitution et la traite mais ils étaient fortement axés sur le contrôle des frontières. Ils ont autorisé des organisations caritatives, telles que le Bureau international, à être responsables de la détection et de la répression en matière de contrôle aux frontières et à mettre en place des patrouilles portuaires. Le Bureau international disposait de comités nationaux responsables des opérations de contrôle portuaire à travers le monde qui patrouillaient les stations ferroviaires et les ports où ils accueillaient les filles suspectées d’être des esclaves blanches – ou même des prostituées étrangères – et rendaient ensuite compte de leurs progrès. Les comités nationaux fournissaient [également] des fonds et faisaient des campagnes pour le rapatriement des prostituées étrangères. Ces lois nationales, ainsi que les accords internationaux sur la traite des blanches, ont créé des pouvoirs complexes de surveillance et rapatriement des femmes étrangères suspectées de prostitution. »

Questions de discussion

  • Comment la victime de la traite était-elle définie ?
  • Qui était considérée comme victime de la traite ? Qui étaient celles qui méritaient et gagnaient une protection dans ce contexte ?
Adapté de : Laura Lammasniemi (2017). White slavery: the origins of the anti-trafficking movement. Beyond Trafficking and Slavery, 16 novembre 2017.
 

Les mères latines affiliées à des gangs aux États-Unis

L’intérêt du public pour la violence faite aux femmes a augmenté dans le monde entier. Les États-Unis sont l’un des nombreux pays qui ont consacré d’importantes ressources financières pour lutter contre ce problème social majeur que les criminologues féministes ont qualifié de « guerre contre les filles ». Pourtant, les études sur la violence subie par les Latinas (c’est-à-dire, les femmes aux États-Unis qui peuvent retracer leurs origines dans des pays d’Amérique latine), et plus particulièrement par les mères latines impliquées dans les gangs, sont rares.

Les gangs (éventuellement un type de groupe criminel organisé) et la violence font l’objet de débats controversés aux États-Unis. Pourtant, ceux-ci sont fondés sur des données largement spéculatives, même si les sociologues et les criminologues conduisent des recherches sur ces groupes depuis presque un siècle. Il existe des travaux sur le catalogage et la marginalisation des membres de gang, sur la façon de réduire la violence due aux gangs dans le monde et sur la manière d’élaborer un contrôle des gangs exhaustif. L’ensemble de ces recherches a influencé le développement d’interventions, de lois et de politiques visant à mettre fin aux gangs et à leurs activités – y compris la violence. Cependant, la plupart des recherches américaines sur les gangs se sont concentrées sur les hommes, bien que des données nationales montrent que les femmes représentent environ un tiers des membres de gang connus. En outre, les recherches sur les membres de gangs de sexe féminin se concentrent essentiellement sur les violences physiques et sexuelles perpétrées par leurs partenaires de sexe masculin ou d’autres membres de gangs.

 Les recherches de Katherine Maldonado, une étudiante doctorante latina du centre-sud de Los Angeles (une communauté historiquement identifiée comme ayant l’un des plus grands nombres de gangs des États-Unis) soutiennent que l’accent mis sur les violences interpersonnelles dans l’étude des gangs limite notre compréhension de leurs activités. En outre, Maldonado montre que la violence n’est pas liée à la période d’implication dans le gang. Au contraire, elle suit les femmes impliquées dans les gangs toute leur vie : « la violence structurelle et institutionnelle crée un contexte de violence qui ne peut pas être réduit à des individus violents [mais plutôt] ancré dans l’ordre social plus large, l’inégalité entre les hommes et les femmes, la perpétration de la violence, l’impunité et les droits diminués des femmes » (Menjivar et Walsh, 2017).

Les violences contre les femmes latinas dans le centre-sud de Los Angeles implique également des interactions directes et indirectes avec les systèmes de justice pénale et de protection de l’enfance qui créent des formes de violences structurelles qui façonnent la vie des femmes et celle de leur famille. Les travaux de Maldonado, qui s’appuient sur des entretiens portant sur l’histoire de vie de mères latinas affiliées à des gangs, explorent la signification substantielle de l’appartenance à un gang dans le grand schéma de vie des femmes par rapport à l’interaction entre l’implication dans un gang, la violence, la maternité et les relations juridiques et sociales, ainsi que les réponses des femmes à la violence structurelle par des formes stratégiques de résistance.

Adapté de : Menjívar, Cecilia, et Shannon Drysdale Walsh (2017). "The architecture of femicide: the state, inequalities, and everyday gender violence in Honduras." Latin American research review 52, no. 2 ; Maldonado, Katherine (à paraître). Gang-affiliated Latina mothers resisting violence. Crime and Delinquency.
 

« Dupés et piégés : la traite des personnes au Moyen-Orient »

Le rapport « Tricked and Trapped: Human Trafficking in the Middle East » publié par l’Organisation internationale du travail (OIT), se fonde sur plus de 650 entretiens menés sur une période de deux ans en Jordanie, au Liban, au Koweït et aux Émirats arabes unis (EAU) sur la façon dont les travailleurs sont « dupés et piégés » dans le travail forcé et l’exploitation à des fins sexuelles et sur les contraintes qui les empêchent de quitter ces pays. Le rapport souligne les déficits de couverture du droit du travail qui « renforcent les vulnérabilités sous-jacentes des travailleurs migrants » ainsi que les lacunes importantes de la législation nationale qui « restreint la capacité des travailleurs migrants à s’organiser, à résilier leurs contrats de travail et à changer d’employeurs ». Les auteurs ont noté que l’absence de procédures d’inspection maintient « l’isolement des employés de maison dans les résidences privées » et accroît leur vulnérabilité à l’exploitation, tandis que dans les secteurs à prédominance masculine, tels que le bâtiment, les secteurs industriel, maritime et agricole, les travailleurs sont systématiquement trompés en ce qui concerne les conditions de vie et de travail, le type de travaux à effectuer, voire l’existence même d’un emploi.

Le Moyen-Orient accueille des millions de travailleurs migrants qui, dans certains cas, dépassent largement le nombre de travailleurs nationaux. Au Qatar, par exemple, 94% des travailleurs sont des migrants, tandis qu’en Arabie saoudite ce chiffre dépasse les 50%, selon l’OIT. Pendant ce temps, en Jordanie et au Liban, les migrants représentent également une part importante de la main-d’œuvre, en particulier dans les secteurs du bâtiment et du travail domestique. Ces industries sont particulièrement exposées aux abus en raison du kafala ou système de parrainage : la majorité des travailleurs migrants doivent être parrainés par leur employeur dans le pays pour obtenir un visa et un statut juridique, un système que l’OIT qualifie de « fondamentalement problématique » car il lie un travailleur à un unique employeur qui contrôle pratiquement sa capacité à être employé, créant ainsi une dynamique de pouvoir inégale entre l’employeur et le travailleur (dans ce cas précis, tous les employés dans le secteur du bâtiment étaient des hommes).

« La migration de la main-d’œuvre dans cette région du monde est unique par son ampleur et sa croissance exponentielle ces dernières années », a affirmé Beate Andrees, cheffe du Programme d’action spéciale de l’OIT pour combattre le travail forcé, au début d’une conférence de deux jours sur ce sujet à Amman en Jordanie. « Le défi consiste à mettre en place des mesures de protection à la fois dans les pays d’origine et de destination pour empêcher l’exploitation et les abus de ces travailleurs, » a déclaré Mme Andrees à la centaine de participants venus d’une douzaine de pays arabes.

Voir : UN News. Migrant workers in the Middle East often exploited, UN reports at human trafficking conference. 9 avril 2013. ; et Nasri, Alix et Helene Harroff-Tavel. Tricked and Trapped: Human Trafficking in the Middle East. Organisation internationale du travail, 9 avril 2013.
 

Les femmes nigérianes et le juju

Sine Plambech, une chercheuse danoise qui a beaucoup travaillé avec des femmes nigérianes travaillant dans le commerce du sexe européen, a considérablement écrit sur le juju. Les travaux de Plambech ont montré que si, en effet, le juju est « un terme populaire pour désigner diverses formes de médecine ‘traditionnelle’ et de magie noire » (197) une trop grande importance a été accordée à son rôle coercitif et asservissant (EASO, 2015). Cela est problématique car cela repose souvent sur des histoires sensationnelles et sur une approche victimisante dans laquelle les femmes (plus particulièrement, les femmes nigérianes) apparaissent privées de tout pouvoir et libre arbitre. Une telle approche peut négliger des situations dans lesquelles les femmes choisissent de se livrer à la prostitution ou échoue à identifier les raisons pour lesquelles les femmes peuvent finalement choisir de quitter le Nigéria (les exigences familiales, la violence de leur partenaire intime, leurs propres désirs de voyager, d’étudier, de travailler, etc.). Dans la plupart des pays européens, les récits concernant « [des termes tels que] le ‘vaudou’, ‘le commerce d’esclave’ et ‘la criminalité organisée’ sont attrayants pour le public car ils recréent [souvent] les clichés occidentaux selon lesquels les femmes africaines sont primitives ou enclines à croire à la sorcellerie, plutôt que de présenter une compréhension nuancée des décisions des femmes de migrer et/ou les niveaux de compréhension qu’elles ont à propos de leurs voyages ».

L’une des personnes interrogées par Plambech, Becky, savait avant de quitter le Nigeria qu’elle devrait travailler dans le commerce du sexe pour rembourser son voyage vers l’Europe. À un moment donné, elle a aidé une femme qui l’avait recrutée à recruter d’autres femmes. À chaque fois, Becky a expliqué aux femmes qu’elle a recruté quel serait leur travail une fois arrivées en Europe ; il n’y a eu aucune menace ou coercition. Un rapport de l’EASO sur la traite à des fins d’exploitation sexuelle indique que : « Le juju n’est pas toujours vécu par les victimes (…) comme un outil d’intimidation et de contrôle. Il s’agit plutôt d’une forme ‘secondaire’ de coercition, subie par celles qui se trouvent déjà dans des situations de traite. Il devient une menace qu’une fois que la femme est dans une situation d’exploitation. » (2015 : 200). En outre, Plambech nous rappelle que toutes les femmes n’utilisent pas ce terme lorsqu’elles décrivent leurs expériences dans le commerce du sexe, ni ne se considèrent comme ensorcelées ou maudites. Souvent, les attentes de la famille, les exigences financières pour payer le passage clandestin ou les frais de voyage pour d’autres amis et membres de la famille, et le désir personnel d’améliorer ses réussites dans la vie peuvent pousser les migrantes à se lancer dans le travail du sexe pour atteindre un autre pays. En d’autres termes, les affirmations selon lesquelles la criminalité organisée s’appuie sur le juju pour abattre ou briser les esprits des femmes ne parviennent pas à identifier les dynamiques plus larges de la migration des femmes et peuvent en fin de compte renforcer les stéréotypes concernant les femmes nigérianes, plutôt que de fournir une compréhension détaillée de leurs expériences.

Adapté de : Services d’immigration finlandais (2015). EASO Country of Origin Information Report. Nigeria Sex Trafficking on Women. Bruxelles : EASO.
 

La place que les femmes cultivatrices de coca méritent

De nombreux chercheurs ont affirmé que les réponses de la politique nationale en matière de drogues à l’augmentation de la culture de la coca en Colombie ont impliqué des approches et des conséquences problématiques. Le travail de DeJusticia a identifié comment les Colombiens d’origine paysanne ont tendance à se retrouver en prison de manière disproportionnée, dans un contexte de multiplication des efforts d’éradication forcée des cultures.

La littérature a mis en évidence la relation étroite entre la politique en matière de drogues et l’injustice, la pauvreté et la violence (voir par exemple, the Equality Trust, 2007 ; O’Gorman, 2016) ; mais les impacts sexospécifiques de ces questions n’ont pas encore fait l’objet de recherches approfondies. DeJusticia a travaillé pendant des années à examiner les façons dont les politiques en matière de drogues ont affecté les femmes. En particulier, il s’est attaché à documenter les expériences des femmes qui cultivent la coca dans la région de Putumayo.

En ayant recours à des perspectives fondées sur l’intersectionnalité, les travaux de DeJusticia explorent les implications de la vie rurale, du genre, des conflits armés et de l’illégalité sur la vie des femmes cultivant la coca dans la région de Putumayo. Ici, les manières dont convergent la colonisation tardive, les acteurs armés non étatiques, la violence, la pauvreté et une présence précaire de l’État ont été étudiées pendant des décennies. Cependant, les rôles des femmes qui cultivent les plantes de coca, connues localement sous le nom de « cocaleras », n’ont pas fait partie des initiatives de recherches. Ignorer le point de vue des femmes revient à dissimuler des expériences qui sont essentielles pour comprendre comment l’inégalité sociale et la pauvreté opèrent à travers des politiques telles que la « guerre contre la drogue » et ont un impact sur les femmes.

Les femmes paysannes participent à l’économie de la coca en travaillant comme ouvrières agricoles, en prenant soin et en nourrissant les plantes, en récoltant, en transformant et en commercialisant la feuille de coca et ses dérivés. Tout au long de leur vie, les femmes assument ces rôles à différents moments et dans différentes circonstances en fonction des besoins économiques. Les chercheurs de DeJusticia se sont appuyés sur une méthode de recherche participative connue sous le nom de cartographie sociale. Grâce à cette méthode, les cocaleras ont travaillé en groupes pour dessiner des cartes de leur région. Elles ont cartographié leurs routines quotidiennes, leurs espaces de rencontre communautaires, leur relation avec les plants de coca, leurs dynamiques familiales, leur définition de l’État et leur relation avec les acteurs armés, légaux et illégaux. Les cartes, ainsi que les conversations de groupes qui ont découlé de ces dessins, ont mis en évidence les contextes de violence, de pauvreté, d’inégalité et d’abandon par l’État auxquels les femmes et leurs familles sont confrontées. De même, il a largement été reconnu que la récolte de la coca a apporté des opportunités de mobilité sociale pour les femmes et a encouragé une solidarité collective afin que les communautés construisent leurs propres territoires.

Les parcours de vie des cocaleras se sont développées dans des cellules familiales dans lesquelles le poids de la charge domestique leur incombe. En même temps, elles participent activement au travail de production de la ferme. Éduquées pour être des gardiennes, elles deviennent rapidement aussi les personnes qui subviennent aux besoins de leur famille. De même, les cocaleras participent activement aux organisations sociales de la région, soit en tant que leaders, soit en tant que militantes.

Adapté de : Cruz, Luis and Margarita Martinez Osorio. The Place that female coca growers deserve. DeJusticia, 2018.
Sur la relation entre les politiques en matière de drogue et l’inégalité, voir également : The Equality Trust (2007). Drug Abuse; and O'Gorman, A. (2016). Outcomes: Drug Harms, Policy Harms, Poverty and Inequality. Clondalkin, Drug and Alcohol Task Force Final Report. The University of the West of Scotland, 2016.
 

La carrière d’une femme à lutter contre la criminalité ayant une incidence sur l’environnement

Lisez cet article (en anglais) publié sur le site de l’African Wildlife Foundation. Expliquez le rôle des femmes dans la lutte contre le trafic illicite d’espèces de faune et de flore sauvages. Comment les rôles des femmes sont-ils décrits ? Quels sont les caractéristiques et le langage utilisés pour définir le rôle des femmes dans cette forme spécifique de trafic et pourquoi les femmes sont-elles concernées par la façon dont cette pratique est décrite et/ou représentée ? Quelles suppositions à propos des femmes sont reproduites ? Quelle serait une solution pratique pour le langage et les pratiques concernant le genre dans la lutte contre la criminalité ayant une incidence sur l’environnement ?

Source : Hannah Wilber (2017). One Woman's Career Fighting Wildlife Crime. African Wildlife Foundation. 21 mars 2017
 
Perspective régionale : la région des îles du Pacifique
 

De multiples affaires analysées et discutées sous la section « Perspective régionale : la région des îles du Pacifique » dans différents modules de la série de modules de l’ONUDC sur la criminalité organisée concernent des femmes auteures d’infractions.

Police v Marsters and others [2012] – Îles Cook

Dans cette affaire, une sergent-chef des forces de police des Îles Cook, qui était également l’épouse d’un trafiquant de drogue, a été condamnée à 2 ans et 6 mois d’emprisonnement. Le juge qui a prononcé la peine a déclaré :

« [86] Il me semble que dans les circonstances, vous étiez toujours dans une position compromise. Une partie de ce que j’ai lu sur votre partenaire, Marsters, est que vous êtes tous les deux une unité très proche, vous n’avez aucun secret l’un pour l’autre. Si c’était le cas, vous auriez su ce qu’il faisait et à quoi il avait affaire. Vous saviez qu’il y avait du cannabis dans la maison, qu’il y avait des instruments de cannabis, bien qu’aucune charge n’ait été retenue à leur encontre, et vous étiez au courant, j’en suis sûr, de la culture. Donc, c’est une position compromettante et cela montre encore une fois malheureusement votre manque de jugement. »[traduction non officielle]

Sources :
 

State v Anand Kumar Prasad and others [2011] - Fidji

Mme Shirley Chand, une employée de banque haut placée, a été reconnue coupable de plusieurs chefs d’accusation pour sa participation à un système de fraude et de blanchiment d’argent dirigé par son frère. Une seconde femme a été également condamnée, ainsi que son mari, à une peine de deux ans d’emprisonnement avec sursis en raison de son rôle mineur dans l’entente.

En ce qui concerne Mme Chand, le juge qui a prononcé la peine a déclaré :

« [22] M. I. Khan [avocat, note du rédacteur] a déposé des plaidoiries écrites exhaustives et utiles au nom de la 5ème accusée. Il me dit qu’elle a 32 ans et qu’elle est mariée avec deux enfants. Elle a un diplôme d’études bancaires et a travaillé dans une banque pendant neuf ans. Elle s’occupe de l’enfant d’un frère ou d’une sœur décédé(e) et elle s’implique dans des activités caritatives pour l’organisme religieux auquel elle appartient. En fait, la direction de la banque a témoigné qu’avant que ces irrégularités ne soient découvertes elle était très estimée et destinée à être promue aux échelons supérieurs du monde bancaire. Elle n’a pas d’antécédents judiciaires. Je garde à l’esprit toutes ces circonstances atténuantes. J’accepte qu’il n’y ait aucune preuve que cette accusée ait reçu sur son compte l’un des chèques falsifiés. M. Khan demande qu’une peine non privative de liberté soit imposée.

[23] La cinquième accusée ne peut pas échapper au fait que les actes qu’elle a commis en facilitant ces activités frauduleuses ont constitué un abus de confiance absolu tant à l’égard de son employeur et que de M. Evanson qui était l’un de ses « principaux » clients. Pour cette seule raison, une peine non privative de liberté ne peut être envisagée, même s’il s’agit d’une première infraction. Le fait de jouer un rôle de premier plan dans une fraude de 900 000$, tout en brisant la confiance placée en elle par son employeur bancaire doit entrainer une peine de prison d’un certain degré. » [traduction non officielle]

En ce qui concerne Mme Singh, le juge qui a prononcé la peine a déclaré :

« [27] M. Shah [avocat, note du rédacteur] fait valoir en son nom qu’elle a 26 ans avec deux jeunes enfants. Outre la gestion de l’entreprise d’épicerie/de liqueurs et de réparation du 4ème accusé, elle est une femme au foyer. Son casier judiciaire est vierge et il n’y aucune preuve qu’elle ait tiré un avantage personnel pendant la période de l’entente. Elle a reçu une éducation correspondant au niveau Form 6 [enseignement secondaire] et l’infraction ne lui ressemble pas du tout. Elle n’est pas du tout susceptible de récidiver. M. Shah soutient qu’elle était une « victime innocente » et qu’elle n’a joué aucun rôle actif dans la perpétuation de l’entente. Il exhorte à la clémence pour le bien des enfants qui sont sur le point d’être privés de leurs deux parents. » [traduction non officielle]

Source : State vs. Anand Kumar Prasad and others [2011] HCF. Crim case 24/2010:

Questions de discussion

  • Analysez le rôle que chacune de ces femmes a joué dans leurs entreprises délictueuses respectives du point de vue du genre, en mettant en application les concepts appris dans le Module 15 sur le genre et la criminalité organisée.
 
Perspective régionale : Afrique orientale et australe
 

Samantha Louise Lewthwaite, alias la « Veuve Blanche »

Source : BBC Documentary “The White Widow: Searching for Samantha”

Samantha Lewthwaite est soupçonnée d’être à l’origine d’une série d’attentats suicides à travers l’Afrique et le Moyen Orient. Surnommée la « veuve blanche », elle est une ressortissante britannique née en 1983 qui s’est convertie à l’islam à l’adolescence et a épousé le fameux terroriste kamikaze Germaine Lindsay en 2002. Elle a reçu son surnom après que Lindsay se soit suicidé le 7 juillet 2005 en participant à une série d’attentats à la bombe à travers Londres qui ont tué 52 personnes. Au moment de sa mort, Lewthwaite était enceinte de huit mois de leur deuxième enfant et leur premier fils était âgé de 14 mois.

En 2013, Interpol, à la demande du Kenya, a publié une notice rouge pour son arrestation dans le cadre de chefs d’accusation de « possession d’explosifs » et « entente en vue de commettre un crime » remontant à décembre 2011. Interpol a également souligné que la femme britannique n’avait auparavant été recherchée qu’au niveau national pour possession présumée d’un passeport sud-africain obtenu frauduleusement. La notice ne mentionnait pas spécifiquement l’attentat du centre commercial Westgate de 2013 à Nairobi au Kenya, qui a fait 71 morts et environ 200 blessés, mais elle fait suite à de nombreuses spéculations médiatiques sur le rôle possible de Mme Lewthwaite dans cet attentat. Il y a également eu des spéculations sur son implication dans le massacre de 2015 du collège universitaire de Garissa au Kenya au cours duquel des tireurs ont tué 48 personnes et en ont blessé environ 80.

À la suite des attentats terroristes du 7 juillet à Londres, elle a clamé son innocence, condamné l’attentat et a vendu son histoire aux tabloïdes britanniques, mais dès 2008, dans sa recherche d’un nouveau mari, elle cherchait expressément un djihadiste – et en a trouvé un, dont on pense depuis qu’il est mort au cours d’une mission terroriste. On pense qu’elle a fait un troisième mariage avec un membre d’al-Shabaab et est maintenant la mère de quatre enfants. Lewthwaite se trouverait au Yémen où elle a été associée au recrutement de femmes kamikazes. On dit qu’elle a modifié son apparence par la chirurgie plastique pour tenter de rester méconnue.

Bien que les tabloïdes britanniques la décrivent fréquemment comme étant au sommet de la pyramide de commandement, les experts en terrorisme djihadiste sont prudents quant à cette idée. Ce rôle pour une femme serait probablement inconcevable dans une telle organisation, même si cela ne signifie pas que la « veuve blanche » n’aurait pas sa place dans la structure de commandement. Interviewée par The Guardian en 2014, le Dr Nelly Lahoud du « Combating Terrorism Center » à l’académie militaire américaine a souligné que même si « les idéologues sont très clairs [et] ne souhaitent pas que les femmes combattent sur le champ de bataille, ils croient toujours que les femmes ont un rôle essentiel dans la promotion de la cause du djihad ». Et ce rôle n’est pas uniquement celui d’une assistante, mais également celui d’une propagandiste, de celle qui remonte le moral et d’une mère qui élève ses enfants dans l’amour du djihad.

Références

 

Points essentiels

  • Terrorisme et criminalité
  • Terrorisme et genre
  • Représentation médiatique des femmes auteures d'infractions
 

Questions de discussion

  • Cette étude de cas met-elle en évidence des liens entre la criminalité (organisée) et le terrorisme ? Si oui, lesquels ? Concentrez-vous en particulier sur les informations fournies par Interpol et effectuez des recherches plus approfondies sur les chefs d’accusation qui y sont liés. Veuillez également prendre en considération le module dédié sur les liens entre la criminalité organisée et le terrorisme à titre de référence.
  • Quelles sont les similitudes et les différences entre les rôles susceptibles d’être assumés par les femmes dans le terrorisme djihadiste et ceux assumés par les femmes dans les groupes criminels organisés abordés dans ce module ?
  • Effectuez une recherche en ligne en utilisant les mots clés « Samantha Lewthwaite, veuve blanche et centre commercial Westgate ». Sélectionnez trois articles sur Lewthwaite provenant de sources différentes (c’est-à-dire, The Guardian, BBC, CNN, etc.) et analysez les reportages en tenant compte de la dimension du genre.
  • Écoutez la longue lecture audio (en anglais) du Guardian The myth of the she-devil: why we judge female criminals more harshly – podcast. Au vu de cette analyse, en quoi la couverture médiatique concernant Lewthwaite réaffirme-t-elle les stéréotypes de genre ?
 

Le rôle des femmes dans la production et la commercialisation de khat – Afrique de l’Est

Selon le Khat Research Program (KRP), le khat (Cata edulis, aussi connu sous le nom de kat, qat, chat et miraa) est une plante stimulante originaire d’Afrique orientale tropicale et de la péninsule arabique. Le khat est une substance contrôlée dans de nombreux pays tels que l’Afrique du Sud, la Chine, la France, l’Allemagne, les États-Unis et le Royaume-Uni. En revanche, il est légal dans d’autres pays comme l’Éthiopie, la Somalie, Djibouti, le Kenya et le Yémen.

Bien qu’il s’agisse d’une habitude principalement réservée aux hommes, qui mâchent la feuille pour ses effets stimulants, la production et la vente de khat en Afrique de l’Est ont été largement dominées par les femmes. Lisez la documentation recommandée et répondez aux questions suivantes :

  1. Dans quelles mesures ces femmes se conforment-elles aux stéréotypes de genre ? En quoi ne le font-elles pas ?
  2. Décrivez les vulnérabilités et les risques auxquels les femmes impliquées dans cette activité peuvent être confrontées en raison de leur sexe.
  3. Comment le changement climatique a-t-il influencé la vie et les options des femmes dans les zones rurales du Kenya ?
  4. En vous référant au contenu analysé dans les modules précédents, expliquez si et pourquoi ce scénario est vulnérable à la menace de la criminalité transnationale organisée.
 

Lectures recommandées

 

Ressources supplémentaires

 
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